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TUNISIE-Gafsa : Abandon des poursuites contre Fahem Boukadous, non à la presse bâillonnée
lundi 16 février 2009
Le syndicat interprofessionnel de la presse et des médias (SIPM) de la Confédération nationale du travail (CNT) attire l’attention des pouvoirs publics, des journalistes et du grand public au sujet du mouvement social du bassin minier de Gafsa.
Le rapport avec la presse ? Un véritable black out médiatique, pour ce conflit, dont nous sommes arrivés à l’épilogue le 3 février 2009 : le jugement en appel des « principaux leaders » de ce mouvement, parmi eux des syndicalistes enseignants, infirmiers, des ouvriers, des chômeurs et des étudiants, et...un journaliste, Fahem Boukadous.
Pourquoi Fahem ? Parce que Fahem Boukadous, 38 ans, a eu le « malheur » de couvrir le mouvement pour la chaîne Al-Hiwar Attounsi, une chaîne qui diffuse ses programmes une heure par jour sur le satellite via une télévision italienne. Le correspondant de la chaîne a fait des interviews vidéo et fut l’un des premiers à transmettre des images à l’étranger. (1) La justice tunisienne l’a condamné en appel à 6 ans de prison par contumace pour “constitution d’une association criminelle susceptible de porter atteinte aux personnes et à leurs biens”. Alors qu’il a juste exercé son métier.
Fahem est actuellement en fuite, dans la clandestinité, mais il ne souhaite pas partir du pays. Ce militant des droits de l’homme qui a déjà été arrêté puis jeté en prison à plusieurs reprises, veut être rejugé, avoir droit à un procès juste. « Je n’ai pas peur de la justice, je suis dans mon droit », nous-a-t-il confié récemment. Son état de santé s’est dégradé dernièrement. Cet asthmatique chronique a dû être hospitalisé.
Le SIPM-CNT s’élève vigoureusement contre les entraves à la liberté de la presse et d’expression dans un pays où les journalistes sont souvent condamnés pour des motifs éloignés de leur profession afin d’éviter toute accusation de censure. Récemment, la police tunisienne a fermé les locaux de la radio indépendante Kalima, après un blocus de plusieurs jours et a interpellé une journaliste à l’issue d’une manifestation estudiantine. Et aujourd’hui encore, la presse ne peut se rendre dans certaines villes du bassin minier.
Classée parmi les derniers pays de la planète selon Reporters sans Frontière, la Tunisie dirigée d’une main de fer depuis 1987 par Ben Ali, montre une nouvelle fois son mépris et sa hargne à l’égard de ses journalistes, à fortiori ceux qui œuvrent pour une information libre.
(1) Nous diffuserons prochainement certains extraits de son travail sur le site internet du SIPM
Plus d’information sur Gafsa sur les sites www.cnt-f.org/international, www.citoyensdesdeuxrives.eu et www.atmf.org