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CNT Secteur presse
Soutien de la CNT Humanité aux travailleurs de France-Soir
section syndicale L’Humanité
mercredi 26 juin 2002
Motion de soutien de la section CNT de L’Humanité à l’égard de ses camarades de France-Soir.
Lorsqu’il y a quelques mois, nous avions reçu la motion de défiance de l’équipe de France-Soir face à la nouvelle direction, nous avions très rapidement fait le rapprochement avec ce qui s’était passé auparavant à L’Humanité au moment du plan social : réduction des effectifs, changement de ligne éditoriale, économie de bouts de chandelle au détriment du travail journalistique...
C’est pourquoi la section CNT de L’Humanité témoigne toute sa solidarité à l’égard de ses camarades de France-Soir et notamment soutient le chef de la rubrique " politique ", évincé pour avoir tout simplement voulu faire son travail de journaliste face à une direction misant sur le " à droite, toute ! " Travail journalistique qui signifie un regard un tant soit peu critique sur l’actualité, ce qui semble indisposer plus d’un directeur de quotidien...
Au-delà de ce limogeage, arbre qui cache la forêt, ce sont les conditions de travail que nous dénonçons. Quand la direction de France-Soir lance à la cantonade qu’en " Italie, les journalistes réalisent deux pages par jour ", qu’elle s’oppose à la " spécialisation des journalistes " et préfère de loin recopier l’AFP plutôt que d’envoyer des journalistes sur le terrain, en ayant recours massivement à la pige et aux stagiaires, cela ne peut que résonner douloureusement du côté de Saint-Denis.
A L’Humanité, n’avons-nous pas entendu aussi, de la part de la direction, qu’un " journaliste polyvalent, c’est quelqu’un capable d’écrire très rapidement un papier sur un sujet qu’il ne connaît pas " ? N’avons-nous pas nous aussi des rubriques exsangues qui voient chaque été des stagiaires non rémunérés combler les trous ? Et ne constate-t-on pas également à L’Humanité le même type d’atermoiement en terme de ligne éditoriale, qui plus est en ces périodes troubles d’après élections ?
L’émergence des gratuits comme Métro ou 20 Minutes, les velléités d’A nous Paris de s’attaquer à la province et la déliquescence de la presse quotidienne française ne nous rappellent que trop douloureusement ce que nous, travailleurs de la presse, dénonçons à longueur de journée : l’information n’est pas une marchandise et l’on ne peut la sacrifier sur l’autel de la rentabilité à tout crin. Quand des pages entières sont remplies à coup d’AFP et de dépêches d’agence, il ne faut pas s’étonner de voir les lecteurs se contenter des compilations gratuites qu’on leur distribue au sortir des bouches de métro.
Et si l’information n’est pas une marchandise, ceux qui la font non plus. Si l’évolution actuelle du marché de la presse montre que, ce dont on a le moins besoin de nos jours pour faire de l’information, ce sont des journalistes et autres travailleurs de la presse, nous nous battons, dans nos entreprises et au-delà, par le biais du secteur presse de la CNT, pour réaffirmer clairement que la production d’information est un métier qui nécessite des moyens humains, financiers, matériels et intellectuels. Et pas de simple presse-bouton travaillant dans l’urgence...
Cette réflexion est à mener à travers toute la presse, tous les médias. Qui plus est, cette bataille ne pourra se gagner que tous ensemble, au-delà des catégories professionnelles et des différences de supports, en informant et en mobilisant nos collègues. Et plus largement les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs. Voilà pourquoi la section de L’Humanité soutient ses camarades de France-Soir.
Section CNT de L’Humanité
Saint-Denis, le 26 juin 2002