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Communiqué de CFDT radio-télé
RFO Guyane : un pigiste face aux édiles
Communiqué de soutien du SIPM-CNT
samedi 2 octobre 2004
Un pigiste trop remuant interdit de couvrir la visite du ministre des Dom-Tom. La Guyane, département français ou annexe bananière ?
Communiqué du SIPM
Le SIPM-CNT apporte son soutien au pigiste de RFO-Guyane défendu par les camarades de la CFDT radio-télé.
Au développement de la précarité, qui tend à devenir une norme sociale, s’ajoute ici le renforcement d’un autoritarisme s’infiltrant dans les rouages de la démocratie parlementaire.
La question se pose également de ces territoires excentriques d’outre-mer, derniers vestiges de l’empire colonial, qui peinent toujours à rejoindre la normalité républicaine, entre abus de pouvoir, élites locales toute-puissantes et répression sociale parfaitement ignorée par les médias de la métropole.
COMMUNIQUE CFDT RADIO-TELE RFO-GUYANNE
TELE PREFECTURE ?
Frédéric Farine, pigiste régulier de RFO-Guyane, s’est vu interdire par la préfecture la couverture de la visite du ministre des DOM-TOM dans le département, avec la complicité active de la hiérarchie de la station locale. Les seules raisons ayant pu motiver ce surprenant oukase semblent être, selon de nombreux témoignages locaux, la pratique par ce professionnel d’un journalisme d’investigation rigoureux, ne craignant pas de s’attaquer sans concessions à des sujets « sensibles » sur place (reportages sur l’orpaillage clandestin, sujet central de la visite ministérielle, dopage sportif, situation des sans-papiers, affaire de corruption dans les hautes sphères de la préfecture, etc.).
Qu’en 2004, les pouvoirs publics d’un département français et les hiérarques dune société du service public de la télévision se comportent comme dans la plus banale des dictatures bananières est inadmissible. Existe-t-il en Guyane, voire ailleurs dans d’autres départements, une liste de « journalistes accrédités », seuls autorisés à suivre les visites officielles ? La direction de RFO et la présidence de France Télévisions couvrent-elles la hiérarchie locale qui a interdit aux autres journalistes d’évoquer cette « affaire » et a manifesté son courroux vis-à-vis d’un autre journaliste de la rédaction de RFO Guyane, titulaire lui, qui a osé poser une question sur ce sujet à la ministre ?
Comme au bon vieux temps des débuts de l’ORTF, va-t-il falloir à l’avenir demander l’imprimatur des pouvoirs publics pour pouvoir enquêter et diffuser des informations dans les départements d’outre-mer, voire, si personne ne dit rien, sur le territoire métropolitain ? La CFDT radio-télé exige des pouvoirs publics qu’ils rappellent aux responsables guyanais que la Constitution de la République s’applique dans ce Département comme dans les autres et qu’ils sanctionnent les responsables de ce zèle préfectoral intempestif. La CFDT radio-télé exige également de la présidence de France Télévisions et de la toute nouvelle direction générale de RFO qu’elles prennent des mesures contre une hiérarchie qui a outrepassé ses droits, manqué à tous ses devoirs déontologiques et professionnels. Elle sera, de plus, extrêmement vigilante sur le maintien de la collaboration de Frédéric Farine pour RFO, comme pour d’autres organes de presse et sur la garantie de sa liberté d’investigation.
Paris, le 24 septembre 2004