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CNT Spectacle
Production audiovisuelle vs travailleurs du secteur
lundi 22 novembre 2004
Les patrons tentent de transformer en entrepreneurs les professionnels de l’audiovisuel. Extrait d’un 4 pages du syndicat CNT spectacle.
Télécharger Scènes de luttes ci-contre
Montage, JRI, documentaire, institutionnel
Au secours ! la production audiovisuelle veut nous transformer en entrepreneurs libéraux.
Chantage aux délocalisations, disparition progressive des acquis sociaux, multiplication des contrats précaires
Pour réduire au minimum le coût du travail, les patrons de la production audiovisuelle transforment les travailleurs en entrepreneurs libéraux, en faisant reposer sur eux une bonne partie du risque financier.
Les monteurs : nouveaux travailleurs à domicile
Pour avoir le droit de travailler, il faut à présent fournir en plus de son travail l’outil de production. C’est ainsi que, dans la vidéo, on se voit de plus en plus souvent proposer de travailler avec notre propre matériel, étant entendu que l’obtention de ce travail dépend de notre possession de l’outil.
Ainsi, chez les monteurs, une nouvelle génération de travailleurs à domicile s’équipe de matériel professionnel ou semi-professionnel, sous la pression des productions pour lesquelles c’est devenu un critère d’embauche.
On achète le droit au travail, pour ceux dont la richesse familiale ou individuelle le permet ou ceux qui se surendettent. Cette nouvelle pratique met sur la touche les autres, expérimentés ou non, qui ne fournissent pas ces moyens techniques. Le monteur se retrouve à devoir dédier une partie de son espace privé à son travail, ce qui encourage une gestion sauvage du temps de travail : week-ends, soirées, il est difficile de résister à l’appel de la machine, alors que, parallèlement, les temps de montage diminuent inexorablement.
Le patron s’exonère de la location d’une salle de montage dans une entreprise spécialisée, en faisant peser sur le monteur des responsabilités et des tâches nouvelles : gestion et coût de la maintenance, frais d’assurance et cela de façon tout à fait informelle. Que se passe-t-il quand le matériel tombe en panne, retardant ou compromettant les délais de rendu ? C’est le monteur qui doit assumer ce stress supplémentaire, s’exposant éventuellement à des poursuites judiciaires !
Travailleur-patron ou
comment s’auto-exploiter
L’alternative qu’ont trouvée certains est de se constituer en petites sociétés. C’est mettre le doigt dans un engrenage vicieux : la gestion d’une mini-entreprise à assumer, la perversion d’un métier, le changement de statut de salarié en prestataire. C’est accepter la responsabilité de risques qui finissent par nous incomber uniquement parce que les productions veulent réduire leurs coûts.
La polyvalence des salariés
ou comment faire fondre les effectifs
Du côté des tournages vidéo, les journées de travail de 12 à 14 heures payées 8 et déclarées 8 ne suffisent plus aux employeurs. Le numérique est venu à leur secours pour réduire à l’extrême les équipes. Le réalisateur est de plus en plus fréquemment contraint de cadrer lui-même, quand il n’est pas obligé de se passer carrément d’ingénieur du son, pour réduire les coûts de fabrication, mais aussi, dans nombre de petites structures, pour faire face au sous-financement par les diffuseurs du documentaire de création.
Le JRI, journaliste reporter d’image, qui est par définition son propre cadreur et preneur de son, se voit maintenant proposer de monter ses sujets lui-même. Et, pour couronner le tout, le JRI intermittent se retrouvera sans doute bientôt en intérim ou en contrat de mission.
S’unir contre l’isolement
qu’ils nous imposent
Notre isolement sert ces méthodes esclavagistes. En nous mettant en concurrence, en réduisant les équipes à une personne, le patronat cherche à faire des profits et ˆ briser toute conscience collective.
Unissons-nous pour faire respecter le droit du travail, à savoir l’établissement systématique de contrats, le respect des temps de travail et des salaires minimums définis par les conventions collectives et le code du travail, la disparition de ces postes polyvalents au rabais, au profit d’un retour à des équipes oû chacun peut exercer son métier et son savoir-faire spécifique dans de bonnes conditions, pour livrer un résultat de qualité dans le respect de celui qui le fait et de celui qui le reçoit.