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On repart à zéro !
mercredi 1er décembre 2004
Le vote de la grève par l’AG du personnel est une première à Télérama. Mais, pour conserver les 32 heures, les menaces ne suffiront pas...
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On repart à zéro
On ne peut qu'apprécier l'effet salutaire du mouvement qui a suivi les annonces scandaleuses de la direction. Certes, tout le monde sait que rien n'est encore réglé. Tout au plus la direction, les fêtes passées, adoptera-t-elle une attitude moins arrogante. Son objectif restera identique. Ce mouvement aura au moins permis, une fois de plus, de rassurer la commission: les salariés sont attachés aux 32 heures, et ils ne se laisseront pas faire sans réagir. Il faut aussi que ce soit l'occasion de ressortir les 32 heures un peu rapidement enterrées: les 35 heures, c'est l'objectif de la direction, ce n'est pas le point de départ des négociations...
D'ores et déjà, la direction est en passe d'obtenir, sans avoir encore livré bataille, une victoire considérable. Il semble en effet que les 32 heures soient plus ou moins passées aux oubliettes. A l'interrogation d'un membre du personnel à ce sujet lors de l'AG qui a décidé la suspension du mot d'ordre de grève, la commission a répondu qu'elle ne travaillait plus, en effet, sur l'hypothèse de conserver cet acquis.
1er argument : La direction est inflexible et a annoncé qu'elle ne renoncerait pas au passage aux 35 heures. Certes. Mais s'il suffit à la direction d'afficher sa détermination pour que l'on recule sans même envisager de se battre, l'avenir s'annonce sombre...
En réalité, comme l'a démontré de manière flagrante le vote de la grève par l'AG, la direction ne comprend que le rapport de force. On peut le regretter, mais c'est un fait.
Il semble que la commission ait du mal à se persuader de la mauvaise foi de la direction et qu'elle admette ses arguments trop facilement : en ce qui concerne les motifs de la grève de la mi-novembre, un simple mèl de la direction indiquant qu'elle revenait sur ses propositions lui a paru suffisant. Les salariés de Télérama dans leur grande majorité ne partagent pas cette confiance et ont donc exigé un document signé de la direction. La suite leur a donné raison : le document a été signé dans l'après-midi.
Il est nécessaire que la commission, pour être forte, s'appuie sur les salariés, et qu'elle se sente soutenue par eux. Mais il est nécessaire également qu'elle les informe de leurs travaux, qu'elle leur fasse confiance pour gérer le rapport de force, et qu'elle tienne compte de ce qu'ils veulent. Les salariés se sont exprimés très majoritairement pour les 32 heures lorsqu'ils ont été consultés. Il s'agit aujourd'hui de la seule orientation légitime pour les négociations. La remise à zéro de celles-ci, grâce à la mobilisation des salariés, est une bonne opportunité pour la commission de remettre les 32 heures sur la table.
Second argument : La direction ne reculera pas car il en va de l'harmonie au sein du pôle magazine qui se met en place. Sous-entendu, la direction ne peut pas céder.
La réunion d'un certain nombre de titres dans le même bâtiment aura évidemment des effets sur certains services (des effets qu'il s'agit d'anticiper afin d'obtenir des garanties en terme d'emploi, de conditions de travail et de salaire pour les salariés concernés, c'est pourquoi la négociation de la RTT et celle des conséquences du déménagement doivent se mener simultanément). Mais l'organisation interne de chaque titre restera (est censée rester) autonome. Ce type de structure en pôle existe déjà (Hachette, Emap, Bayard...) et chaque rédaction y est parfaitement indépendante, avec son organisation propre (selon la fréquence de parution - mensuel, hebdo -, le public, les priorités...)
Le fait qu'une rédaction soit à 35 heures et l'autre à 32 heures, ou que chacune ait une gestion spécifique de la RTT sur une durée hebdo moyenne similaire, ne change donc absolument rien. Ce n'est qu'un argument fallacieux.
Si la direction prétend que la différence de durée hebdo de travail entraînera des problèmes de fonctionnement : qu'elle nous dise lesquels, précisément, nous trouverons des solutions ensemble. Si des problèmes insurmontables nous sont démontrés concrètement, rien n'empêche d'envisager de négocier une augmentation du temps de travail hebdomadaire par exemple en échange de congés payés supplémentaires (c'est d'ailleurs une des pistes évoquées par la commission), selon ce que souhaite le personnel.
Car si l'objectif est d'aligner tout le monde sur les mêmes conditions par le bas, préparons-nous à perdre encore davantage (14e mois, etc.)
Les négos repartent à zéro ? Donc elles repartent à la situation actuelle : les 32 heures ! Profitons-en !
Dans tous les cas, le gain uniquement
en augmentation de salaire de la RTT (même si on obtient la compensation
de l'ATT + la compensation de ce qui a été perdu ces dernières
années) est un échec, car :
la RTT est
un vrai progrès social
(en avance sur son temps et donc un modèle pour les autres entreprises,
c'est aussi ce qui effraie la direction)
la RTT signifie
une amélioration importante des conditions de vie en répartissant
mieux le temps travaillé et le temps de loisir ;
la RTT est une
réponse concrète à l'augmentation du chômage en
créant des emploi, qui ne sont pas, comme c'est trop souvent le cas des
emplois au rabais. C'est une démarche solidaire.