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La presse dans le coma, au propre comme au figuré ?
lundi 30 mai 2016
Lors de la manifestation du jeudi 26 mai dernier, un journaliste indépendant, Romain D., a été touché à la tête par une grenade de désencerclement lancée par un policier. Il est aujourd’hui maintenu dans un coma artificiel à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, à la suite de plusieurs interventions chirurgicales lourdes du fait d’un œdème cérébral et d’un enfoncement de la boîte crânienne.
Ce n’est pas la première fois que des journalistes, indépendants (voir les tirs de grenades ou de Flash-Ball à hauteur de tête de journalistes lors de plusieurs manifestations) ou salariés d’entreprise de presse (rappelons-nous l’équipe de France 2 agressée par des policiers en pleine interview), sont victimes de ces violences policières.
Pourtant presque rien sur le sujet dans les grands médias audiovisuels, qui préfèrent se consacrer à interviewer des représentants du « syndicat » de policiers de droite dure Alliance, faire des reportages sensationnalistes sur une voiture brûlée ou traiter les grévistes de « preneurs d’otage », voire de « terroristes sociaux », et ce quelques mois à peine après les actes horribles du Bataclan et de l’Hypercasher…
Est-il abusif de faire le lien avec le fait que les « grands » médias français sont aujourd’hui entre les mains de quelques milliardaires (Drahi, Bolloré, Bouygues, Lagardère, Niel, Arnault, Dassault, Bergé, etc.) qui contrôlent la quasi-totalité des journaux papiers, Web et audiovisuels, sans compter ceux encore aux mains de l’État ? Des médias qui, en outre, prêchent la « bonne parole ultralibérale » tout en se gavant de subventions publiques sous forme d’aides financières de l’État au « pluralisme »… Des médias qui en fait imposent un discours de classe n’ayant pour but que de soutenir les positions de l’État, lui-même au service de leur patronat.
Notre syndicat des travailleurs de la presse, des médias, de la culture et du spectacle apporte tout son soutien à Romain et à sa famille. Nous exigeons la fin des violences policières et l’arrêt de l’utilisation d’armes potentiellement létales comme le Flash-Ball et les grenades de désencerclement à l’encontre des journalistes et de l’ensemble des manifestants. Nous exigeons que les directions de ces entreprises cessent de recourir à la précarité généralisée (pige, intermittence, autoentrepreneuriat, Agessa, etc.) et au chantage à l’emploi envers les salariés de la presse et des médias. Car nos ennemis ne sont pas les journalistes de terrain, aussi maltraités que les autres salariés et soumis aux ordres de leurs rédactions en chef et directeurs de publication, mais bien les patrons et les actionnaires !
Nous appelons l’ensemble des travailleurs de nos secteurs à rejoindre la mobilisation actuelle pour contraindre le patronat des entreprises de médias et leurs éditorialistes à stopper leur propagande.
Sans nous, ils ne peuvent produire aucune (contre-)information, ils ne peuvent rien faire.
Contre la loi travail, contre la répression policière, pour l’amélioration de nos conditions de travail, pour une presse réellement libre et indépendante,
Construisons la grève générale !