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Paru dans le Combat syndicaliste n°339 - mai 2009
La CNT s’implante au coeur de la presse sociale
mercredi 3 février 2010
Dans le cadre de la loi du 20 août 2008, le Syndicat interprofessionnel de la presse et des médias (SIPM) de la CNT région parisienne a désigné un représentant de section syndicale (RSS) dans l’entreprise Wolters Kluwer France. État des lieux deux mois et demi plus tard.
Wolters Kluwer France (WKF)… Un nom qui ne dira pas grand-chose au premier abord. Mais si l’on décline les « marques » qui en font partie, les enjeux de l’implantation CNT dans cette boîte s’éclaircissent. WKF est le nom de l’entreprise qui réunit notamment Liaisons sociales et Lamy (1), deux labels bien connus des travailleurs et syndicalistes, publiant des titres de presse et d’édition dits professionnels qui ont un poids non négligeable. Un groupe d’environ 1 200 salariés appartenant à une multinationale hollandaise, aux appétits financiers très aiguisés…
L’unité d’action syndicale
La désignation du RSS par le SIPM s’est faite en février 2009, dans la suite de la loi du 20 août 2008, le temps d’organiser la mise en place de la section syndicale : face à une direction d’un groupe de presse spécialisée en droit social, mieux valait ne pas jouer avec le feu. Dans un premier temps, la direction a fait pression sur le RSS, lui demandant de fournir une liste de preuves justifiant sa désignation.
Devant notre refus de donner la liste des adhérents, elle a décidé de nous contester au tribunal d’instance. Nous attendant à cette réaction, nous avions préparé la riposte juridique et, devant notre dossier, elle a préféré retirer sa contestation la veille de l’audience.
Le soutien des autres syndicats de l’entreprise a été un élément de poids : dès la désignation du RSS, les autres syndicats présents nous ont intégré dans l’intersyndicale. Nous avions ainsi dans notre dossier pour le tribunal des tracts unitaires où le logo CNT s’affichait à côté de ceux de la CGT-CFDT-CGC-FO, pour dénoncer un projet d’accord GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) que nous contestions. Et pour la grève du 19 mars, un autre tract unitaire est sorti (avec en plus SNJ et CFTC).
La CNT s’est ainsi créée à WKF dans un climat de confiance avec les autres syndicats. Une confiance construite dans les luttes (une grève de trois jours a eu lieu en juillet dernier à l’occasion des négociations annuelles obligatoires sur les salaires) et le travail commun antérieurs à cette création.
L’image du chat noir était donc passée petit à petit de celle d’un groupuscule anarchiste à celle d’une organisation syndicale à part entière, dont les orientations et pratiques étaient respectables au même titre que les autres. Quand on a tous les mains dans le cambouis, la solidarité intersyndicale devient une évidence.
La bourse ou la vie…
La CNT est aujourd’hui bel et bien installée à WKF, participant aux intersyndicales, aux assemblées générales du personnel, aux diffusions de tracts, au même titre que les syndicats déjà représentatifs. WKF est une entreprise qui se porte très bien, peut accuser sans trop de souci la crise économique actuelle et n’a aucun besoin de licencier, comme elle l’a annoncé. Car derrière cette volonté de supprimer des emplois, que ce soit via un « plan de sauvegarde de l’emploi » ou la GPEC (censée selon la loi préserver l’employabilité des salariés et anticiper les mutations technologiques ou stratégiques), la seule volonté de la direction est de pratiquer des licenciements afin d’augmenter la marge opérationnelle, les bénéfices… et donc les dividendes des actionnaires. En revanche, rien sur les conditions de travail, la qualité des titres, l’investissement dans l’outil de travail… Une gestion à court terme qui aura pour seul effet de jeter des dizaines voire des centaines de salariés dans les griffes de Pôle emploi et de mettre en péril des journaux qui ont pourtant une mémoire, une histoire et une qualité reconnues. Une stratégie malheureusement commune à bien des groupes de presse, qui fait entrer radicalement cette industrie dans l’ère des bénéfices à courts termes et la logique du profit. La moralisation du capitalisme si chère à Sarkozy attendra…
À l’heure actuelle, l’intersyndicale se prépare à affronter les restructurations à venir. De l’information des salariés à un travail juridique de fond, nous essayons de sortir du calendrier imposé par la direction et de construire le rapport de force qui nous sera nécessaire dans les mois qui viennent. Nous refusons que les salariés soient sacrifiés sur l’autel des bénéfices et des dividendes aux actionnaires. Nous pouvons riposter, nous en avons les capacités, car ce sont les salariés qui créent la richesse, pas les actionnaires. Tout n’est qu’une question de confiance en nos possibilités. Sortir de l’isolement, de la peur, de la résignation et retrouver le chemin de la solidarité, de l’entraide et de la lutte collective. La lutte ne fait que commencer…
Strejk / SIPM-CNT
Pour tout contact : presse.rp@cnt-f.org
(1). WKF rassemble également Point vétérinaire, AFL, Cicéron et Clior.