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SIPM-CNT

Grève à Radio-France

vendredi 15 avril 2005

Tandis que les personnels techniques sont en grève, le patron de Radio-France envoie à Libé un courrier annonçant la mise à l’index d’une journaliste trop critique...

télécharger la lettre en jpg ci-contre (2 fichiers) ou la lire plus bas

Depuis le 4 avril, les personnels techniques et administratifs (PTA : techniciens, chargés de production, standardistes, cadres, personnels de la sécurité, du courrier, documentalistes, etc.) sont en grève. Depuis des années, le point d’indice qui régit leur salaire (et donc leurs salaires) est bloqué. Ces soutiers de la radio publique, émargeant pour la plupart au Smic, n’auront même pas eu droit à la prime de 310 points dont ont bénéficié les autres catégories.
Perturbant l’ensemble des antennes de Radio France, ils réclament cette fameuse prime de 310 points (soit environ 270 euros) et refusent le NIS ou « nouvel instrument salarial », un outil qui remettrait en cause le mode de calcul des salaires à Radio France, jusqu’alors régi par la convention collective de l’audiovisuel public.

Ce qu’ils refusent, au-delà d’une précarisation tout azimut, c’est que la direction d’une radio de service public remette en cause une convention collective - qui, d’après la Cour des Comptes et le député UMP Martin-Lalande, coûte trop chère - déjà attaquée avant lors du mouvement de grève des journalistes l’an dernier, le plus long conflit qu’a connu Radio France. Car, si les PTA acceptent le NIS aujourd’hui, les salaires différeront d’une boîte à l’autre et, à terme, c’est l’audiovisuel public qui éclatera en morceaux. Avec, comme danger, une privatisation rampante et l’externalisation de services dans une radio qui, jusqu’à présent, produisait tout en interne.

Dès le début, ce conflit a été couvert par les médias. Mais s’est livrée en parallèle une guerre de communication comme rarement on en aura connu. Tous les jours, les journalistes recevaient le comptage de la direction des grévistes, à midi et à 18 heures. Un comptage évidemment à mettre en parallèle avec les pressions à l’encontre des salariés pour les empêcher de rejoindre un mouvement interprofessionnel.

Mais, alors que Jean-Paul Cluzel, le président de Radio France, accessoirement parrain de la fille d’Alain Juppé et ancien patron de RFI, tente par tous les moyens de ne pas réitérer les erreurs de son arrogant prédécesseur - Jean-Marie Cavada - il aura eu le déplaisir de lire dans Libération du 12 avril 2005 un article des plus critiques à l’égard de sa politique. D’où cette lettre vengeresse à l’égard du patron de Libé, Serge July. Les syndicats de Radio France ainsi que les autres organisations de journalistes ont dénoncé cette volonté de mettre un journaliste à l’index simplement parce qu’il avait eu l’outrecuidance de faire son boulot.

Le SIPM-CNT, évidemment, se joint à ses condamnations.

A noter néanmoins :
 Cluzel a tenté d’obtenir d’autres journalistes des interviews complaisantes. Sans succès, seul Le Monde s’est livré à cet exercice ;
 la journaliste incriminée couvre toujours le conflit. Il faut dire que les portiers sont eux aussi en grève et que la Maison de la Radio n’est en rien une forteresse imprenable, qui plus est avec une carte de presse ;
 Cluzel est néanmoins très très fort : se déclarant « lecteur assidu de Libération depuis plus de 40 ans », il semble oublier que ce journal n’a été créé qu’en 1973...